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Nadine GORDIMER

prix Nobel 1991

 

« Pour la magnifique œuvre épique d’un très grand intérêt pour l’humanité »

 

Elle naît le 20 novembre 1923 à Springs, Afrique du Sud, une petite ville minière du Transvaal à une cinquantaine de kilomètres de Johannesburg. Ses parents sont des juifs émigrés. Sa mère est arrivée d’Angleterre à 6 ans et son père de Lettonie, à 13 ans. Nadine va à l’école chez les Sœurs toute son enfance et son adolescence. Elle se passionne très vite pour la lecture et elle commence à écrire dès l’âge de neuf ans.

En 1937, sa première œuvre, une fable, paraît dans les pages jeunesse du « Sunday express » à Johannesburg et en novembre 1939, elle publie sa première nouvelle. Pendant les années de guerre, elle vit à Springs sans grande ambition, sans envisager de carrière littéraire. Elle a parlé de l’importance de sa vie sexuelle à cette époque de sa vie et la considère comme un trait positif de son existence. Elle en profite aussi pour lire beaucoup. En 1946, elle entre à l’université à Johannesburg. Elle la quitte au bout d’un an sans obtenir aucun diplôme, mais découvre avec un grand intérêt le monde littéraire et celui de l’édition.

En 1948-49, elle publie des nouvelles qui paraissent également en Angleterre et en Etats-Unis. Désormais elle peut gagner sa vie et celle de sa petite fille. En 1950, elle s’installe définitivement à Johannesburg. Trois ans plus tard, elle publie à Londres et New-York son premier roman, The lying days, qui s’inspire de sa jeunesse dans lequel elle décrit la vie d’Helen, une jeune fille blanche appartenant à la minorité dominante dans une petite ville à l’esprit étriquée où les Noirs sont en permanence discriminés. Durant ces années, elle devient adepte d’un humanisme libéral où Noirs et Blancs se rencontrent pour « parler, boire, danser. » A la fin de la décennie, elle est impressionnée par le développement d’un nationalisme africain.

En 1957, elle héberge le président du Congrès national africain, le Noir Albert Lutuli, en liberté sous caution. En 1960, il devient le premier Sud-Africain à recevoir le Prix Nobel de la Paix. Nadine Gordimer est très proche de L’ANC de Nelson Mandela. Elle écrit un Monde d’étrangers qui est refusé par l’édition Penguin sous prétexte que le roman porte atteinte à la politique raciale de la République. Nadine Gordimer écrit Occasion for loving quand se produit le massacre de Sharpeville de 1960. Ce livre raconte l’histoire d’amour illicite entre un homme noir et une femme blanche, tous deux mariés.

Ses premiers romans ainsi que Feu le monde bourgeois (1966) étudient les relations de maître à esclave dues à l’apartheid. Dans toute son œuvre, Nadine Gordimer continuera à montrer que la domination du Blanc sur le Noir et la primauté de l’homme sur la femme s’entrecroisent tant d’un point de vue spirituel que sexuel. A partir de 1963 où la loi sur les publications et les spectacles est votée, l’écrivain sud-africaine passe son temps à lutter contre la censure. Elle soutient l’action menée par l’écrivain et journaliste noir Nat Nakasa qui a fondé la revue The Classic. Il se suicidera en 1966 aux Etats-Unis. La même année, Nadine Gordimer assiste au procès de Bram Fisher, un Blanc membre du Parti communiste d’Afrique du Sud. Ce personnage qui la fascine lui inspirera La fille de Burger.

A la fin des années soixante, elle collabore aux activités antiapartheid du Syndicat national des étudiants sud-africains et A guest of honour (1970) illustre bien comment Nadine Gordimer rompt avec les clichés des amours interraciales qui restent un de ses thèmes favoris.

En 1974, elle est lauréate du Booker Prize, le plus grand prix littéraire anglais pour le Conservateur qui juxtapose le monde d’un industriel blanc avec la mythologie zoulou. L’année suivante, un recueil de ses nouvelles écrites depuis trente ans, Selected stories, paraît avec une préface où elle affirme qu’elle ne croit plus à la solitude spécifique de la femme intellectuelle.

Elle va refuser d’être nommée « Femme de l’année » en 1976 car elle considère qu’après la fusillade de Soweto, ce titre revient soit à Winnie Mandela qui s’est interposée entre les écoliers et la police, soit à l’une des femmes noires du ghetto qui a marché sous la fusillade avec les enfants.

Fille de Burger est interdit par le Comité de censure. Nadine Gordimer reçoit alors des lettres d’appui du monde entier : l’interdit est levé. Dans ce roman, une fille analyse sa relation avec son père qui est un martyr du mouvement antiapartheid. L’année suivante, Nadine reçoit le prix CNA Award (Central News Agency) pour ce roman. A l’occasion de la remise du prix, elle prononce un discours très agressif et ironique qui est mal reçu par une partie des autorités.

Après la parution du recueil de nouvelles, l’Etreinte du soldat, Ceux de July paraît en 1981. Ce roman futuriste raconte la fuite d’une famille de Johannesburg qui se réfugie chez leurs serviteurs africains dans leur village. Quelques mois plus tard, Nadine Gordimer prend la parole au Botswana sur le thème de l’engagement de l’écrivain.

En 1985, elle reçoit des prix en Italie et en RFA, et l’année suivante, le Benett Award aux Etats-Unis. Un caprice de la nature paraît en 1987. Il s’agit d’un roman énigmatique, ironique, très engagé dans la description des volontés d’indépendance dans les pays africains qui met en scène une jeune femme blanche dans ses rapports avec les Noirs en Afrique.

L’histoire de l’Afrique du Sud est en train de changer de façon radicale. La majeure partie des lois d'apartheid sont abolies entre 1989 et juin 1991 sous le gouvernement de Frederik de Klerk. Après 4 années de négociations, les premières élections multiethniques se déroulent en avril 1994, débouchant sur l'élection de Nelson Mandela, premier président noir de la république d'Afrique du Sud.

En 1991, Nadine Gordimer reçoit le CNA Award pour Histoire de mon fils et le Prix Nobel de littérature. Elle déclare : « Mon Nobel appartient à tous les Africains. » En 1994, elle donne des conférences qui seront publiées dans L’écriture et l’existence et paraît Personne pour m’accompagner. En 1998, Nadine Gordimer publie L’arme domestique. Son mari Reinhold meurt, son recueil de nouvelles Pillage lui est dédié.

En 2002, Un amant de fortune est traduit en français : Julie est une fille de riches blancs d'Afrique du Sud. Elle vit en rébellion contre son milieu d'origine, dans un environnement bohême. Elle va s'éprendre d'Abdou, un garagiste noir et clandestin. L'histoire s’emballe lorsqu’Abdou expulsé, Julie décide de le suivre.

En octobre 2006, Nadine Gordimer est victime d’un cambriolage. Les voleurs la séquestrent sans la blesser. Elle reçoit la Légion d’honneur française en mars 2007. Elle n’a jamais quitté son pays, sa fille habite elle à Paris.

Son dernier roman, Bouge-toi !, sort en France en juin 2007. A travers le portrait intimiste d'une famille qui s'étiole et renaît sur de nouvelles bases, Nadine Gordimer, à 83 ans, développe trois thèmes qui lui sont chers : le péril nucléaire, la menace sur l'environnement et le fléau du sida.

 

Notes Anny : Ceux de July serait le roman le plus apprécié par les Français